Le soigneur/euse animalier/ère
Le métier de soigneur/euse animalier/ère fait rêver de nombreuses personnes. Il y a de quoi:
-Nous passons notre temps à manipuler les animaux, à les caresser, à les chouchouter.
-Nous faisons beaucoup de nourrissage.
-Nous avons énormément de temps pour faire de l'observation.
-Nous avons toujours le temps de réaliser des enrichissements et du medical training.
-Nous ne faisons quasiment jamais de nettoyage.
Bon alors, désolé mais tout ceci est totalement faux... Le métier de soigneur/euse animalier/ère est particulièrement compliqué pour diverses raisons. Je vais vous en parler en détails: que veut dire être soigneur/euse animalier/ère ? Quels sont les parcours pour faire ce métier ? Quel est l'avenir du métier? Etc...
Le métier de soigneur/euse animalier/ère, qu'est ce que c'est ?
La réalité de ce métier est loin de ce que vous pouvez voir à la télévision. C'est un métier avec certes des avantages mais aussi des inconvénients.
Pour faire ce métier, il faut bien évidemment avoir une réelle passion pour les animaux car, travaillant avec du vivant, il ne faut pas compter ses heures. Les horaires ne sont pas fixes, chaque pensionnaire doit être en sécurité et en bonne santé quand nous partons. Quand les choses ne se passent pas comme il faut... Et bien, il faut rester. Cela peut être long avant qu'un animal ne se décide à rentrer, par exemple. Les contraintes médicales (mise-bas, blessure, etc...) font aussi partis des imprévus que nous devons surveillés. Dans ce genre de cas, nous pouvons passer une bonne partie de la soirée au près de nos animaux.
Contrairement à ce que vous pouvez penser, c'est un travail très physique. Il faut porter des charges lourdes (brouettes, nourriture, etc...) et ce tous les jours. Nous sommes aussi amenés à faire de nombreux kilomètres, en moyenne une bonne dizaine. Nous avons, certes, des voiturettes mais nous nous déplaçons essentiellement à pied.
Il ne faut pas oublier aussi que c'est un métier d'extérieur. Il s’exerce donc par tous les temps, qu'il vente, qu'il neige, qu'il pleuve ou bien qu'il fasse un soleil de plomb. Qu'importe nous devons être là par les pires conditions climatiques pour nos animaux, pour prendre soin d'eux.
Et si vous voulez faire ce métier pour caresser des lions, câliner des lémuriens ou autre, et bien vous vous trompez. Nous n'avons aucun contact avec nos pensionnaires. Il nous arrive parfois d'être au plus près d'eux, de les toucher, de les manipuler mais il s'agit d'un acte médical. Nous sommes là pour assister le vétérinaire dans des interventions. Il faut donc réaliser des contentions et bien évidemment manipuler les animaux. Mais il s'agit du seul contact que nous possédons avec eux. Tous les autres liens sont indirects (regards, odeurs, etc...)
Malgré cela, être soigneur/euse animalier/ère est fascinant. Nous sommes privilégiés de travailler avec des individus sauvages. La journée n'est pas forcément très réjouissante au départ mais elle peut basculer en quelques minutes grâce à une interaction, une naissance, un regard,...
De plus, nous avons un attachement particulier avec ceux-ci. Lorsque les animaux nous font confiance, nous pouvons faire plus de choses avec eux. Par exemple, lors d'un départ et qu'il faut mettre l'animal en cage, cela est plus facile pour lui car il sait que nous sommes là pour son bien, que nous ne lui voulons aucun mal. Un animal ayant confiance montrera aussi plus aisément une blessure et se sentira moins stresser au moment des soins. Malheureusement, nouer un attachement fort avec un pensionnaire prend du temps et lorsque ce dernier meurt, surmonté le deuil n'est pas évident. Certains/nes soigneurs/euses ne s'en remettent pas, même avec les années.
Quelles sont ses missions ?
La principale mission du/de la soigneur/euse est le nettoyage: il représente les 3/4 de sa journée. En gros, nous passons la majeur partie du temps à nettoyer, désinfecter les bâtiments. Et oui, les papouilles sont très très loin derrière cette tâche. Elle est de la plus haute importance car elle permet de garder l'animal dans un environnement sain et d'éviter la propagation des maladies, virus et bactéries. Il est aussi plus agréable pour les visiteurs de voir des loges propres. La propreté des locaux est assez révélateur de la politique du parc, de ces priorités.
Un autre de nos devoirs est la préparation des rations et le nourrissage de nos pensionnaires. Les gamelles peuvent s'avérer être une mission assez chronophage. Après tout dépend de comment fonctionne le parc: dans certains cas, c'est une personne qui s'occupe de réaliser toutes les gamelles (c'est une sorte de cuisinier pour animaux) mais très souvent, ce sont les soigneurs/euses qui s'en occupent personnellement. Ils doivent suivre une recette, que le vétérinaire aura faite au préalable, avec des portions précises. Des aliments sont a proscrire pour des espèces car ils ne sont pas bons pour leur transit, leurs organes voire mortels. Quant au nourrissage, il se fait très différemment selon le/la soigneur/euse, le parc ou le régime alimentaire des animaux. Pour les primates, un nourrissage par jour n'est pas suffisant. Ils sont généralement
nourrit deux à trois fois. Par contre, pour les carnivores, un unique nourrissage le soir est amplement suffisant. Il faut même inclure des jours de jeûne pour ces derniers. À chacun sa méthode !
L'observation fait aussi partie du métier. C'est quelque chose de très important car il nous permet de connaître et de reconnaître les individus entre eux. Les nuances entre deux animaux peut être infimes mais un/une bon/ne soigneur/euse est aisément capable de savoir qui est qui. C'est le résultat de nombreuses heures passées à leur côtés. Grâce à cela, nous sommes en mesure de dire quel est le comportement d'un individu, comment il peut réagir à un événement, s'il se sent bien, si au contraire quelque chose cloche...
Une mission plus agréable dans ce métier est l'enrichissement. Les soigneurs/euses fabriquent des supports, des casses-têtes, mettent des odeurs dans les enclos pour occuper les animaux (afin d'éviter des comportements de stéréotypies: les cents pas, léchage compulsif, mutilation, etc...). Il faut faire preuve de créativité et tout ou presque est réalisable. Pour un peu que nous soyons bricoleur, certains enrichissements peuvent se révéler très appréciés des animaux. Après, il faut savoir les adapter en fonction de l'animal. Par exemple, si vous donnez un glaçon de légumes à un carnivore par sûr qu'il soit très réceptif, le glaçon de sang est bien plus judicieux. De même, si vous mettez des odeurs nouvelles à des individus ayant un odorat peu développés, votre enrichissement va tomber à l'eau. Et si les animaux sont particulièrement intelligents, vous pouvez corser la difficulté (comme sur la photo juste à côté).
Le medical training est une sorte d'enrichissement. Il prend beaucoup de temps à mettre en place et à réaliser (c'est un travail de plusieurs mois, voire années). Grâce à ce dernier, certains soins et examens sont plus simples à réaliser (j'en reparlerai plus en détail dans un prochain article).
Le/la soigneur/euse animalier/ière a encore de nombreuses cordes à son arc mais elles diffèrent en fonction des établissements. Il doit parfois savoir/pouvoir bricoler, aller faire les courses, gérer les réfrigérateurs, parler en public pour des animations, donner du temps pour répondre aux questions des visiteurs et bien plus encore...
Quels parcours faire pour faire ce métier ?
Le parcours pour parvenir à faire soigneur/euse animalier/ère est "unique" à chaque personne.
Si vous entrez au lycée dans quelque temps et que vous voulez accéder à ce travail, vous pouvez vous inscrire à des lycées professionnels. Ils sont plus tournés vers l'agriculture mais permettent d'avoir de bonnes bases sur le domaine animalier.
Vous pouvez faire des écoles particulières (comme Gramat ou La Roche sur Yon) mais elles sont très coûteuse: jusqu'à 15000€ pour quelques unes. Des aides de votre région peuvent vous permettent de financer la formation, en partie ou en intégralité. Elles possèdent des programmes très complets (production agricole, espèces animales, sécurité, hygiène, etc...) et inclus des stages. Mais pour y entrer, il faut être en rupture de scolarité (pour certaines) et passer des concours pas toujours évidents. À vous de vous informer des conditions d'admissions pour chacune des écoles.
Cependant, il y a des formations moins onéreuses (comme le Centre Européen de Formation, l'IFSA, etc...): environ 3500€ selon les options prises et l'établissement. Les cours et les devoirs se font en lignes. Vous avez généralement quelques années pour tout valider mais cela passe vite... Très vite. Il faut donc être assidu dans son travail et bosser régulièrement. Les écoles délivrent des conventions de stages de 10 jours à 2 mois et ces derniers sont admis par les parcs zoologiques. Contrairement à la formation en elle-même, elle n'est pas reconnue par l'Etat.
Si vous aimez un peu les études, vous pouvez aussi faire une licence de psychologie avec une base approfondie sur le comportement animal (l'éthologie, je parlerai du métier prochainement) ou encore une licence de biologie.
Mais l'école n'est pas si importante au final. Ce que les recruteurs vont regarder en premier c'est les expériences que vous avez dans le domaine animalier, si vous avez fait du bénévolat, des services civiques, des stages... Ce qui compte avant tout c'est la pratique, la théorie vient au cours de l'apprentissage du métier.
Donc faites des stages dans divers établissements lors de vos vacances, même si ces derniers ne durent qu'une semaine ou deux. Cela vous met dans le bain et si c'est votre première expérience, cela vous permettra de voir si oui ou non vous aimez ce métier pour ce qu'il est.
Quel salaire et quel avenir?
Le/la soigneur/euse animalier/ère commence au SMIC et le reste une bonne partie de sa vie. Il ne faut pas faire ce métier pour l'argent...
Les places dans le métier sont précieuses. Le premier contrat est dur à trouver mais dès que nous l'avons, c'est plus simple pour postuler à des postes plus demandés. N'hésitez pas a accepter des petits postes dans des S.P.A, refuges ou parcs animaliers. Ensuite, le monde animalier est restreint, tout le monde se connaît et les annonces les plus en vues ne sont pas forcément publiées sur Pôle Emploi, Indeed, etc... Il faut donc avoir un bon réseau de professionnels pour un bouche à oreille efficace. Et parfois, être là au bon endroit au bon moment !
Le/la soigneur/euse peut évoluer et devenir chef/fe soigneur/euse animalier/ère. Mais le travail n'est plus tout à fait le même. Ce dernier fait beaucoup de paperasse et passe plus de temps dans son bureau (j'en parlerai également dans un autre article).
Ou alors il peut passer son certificat de capacité, après quelques années, pour ouvrir un parc à son compte. Mais être capacitaire n'est pas simple du tout, il faut monter un dossier en béton et passer devant un jury très pointilleux pour avoir le droit de posséder des espèces sauvages.
Conclusion
Le métier de soigneur/euse animalier/ère:
-Est physique.
-Il faut être disponible.
-Peu de contact avec les animaux.
-Notre plus grande mission: le nettoyage.
-Peu importe la formation de base, l'important c'est l'expérience.
-Petit salaire.
-Peu de place.
Malgré les difficultés du métier, si vous aimez les animaux vous n'aurez aucun problème à réaliser votre projet. Il faut savoir s'accrocher et ne pas laisser tomber car vous aurez sûrement beaucoup de refus pour commencer votre carrière. Gardez à l'esprit qu'il n'y a pas qu'une voie pour y arriver et que la pratique est plus importante que la théorie !
J'espère avoir répondu à vos questions. Si vous avez des interrogations, que j'ai oublié d'aborder, n'hésitez surtout pas à me contacter (e-mail, facebook). Je me ferai un plaisir d'y répondre !